Quelles sont les conséquences de l’abandon de poste en CDI en 2025 ?

Publié le 16 avril 2025 par Camille Durand

L’abandon de poste en CDI : une définition précise en 2025

L’abandon de poste dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée (CDI) représente une situation complexe qui a évolué avec les réformes récentes du droit du travail. Il se caractérise par l’absence injustifiée et prolongée d’un salarié sans autorisation préalable de son employeur. Contrairement à une simple absence ponctuelle, l’abandon de poste implique une volonté manifeste de ne pas exercer ses fonctions.

Plusieurs éléments permettent de distinguer un abandon de poste d’autres situations d’absence :

Les motifs d’abandon de poste sont variés : conflits professionnels non résolus, recherche d’une rupture sans passer par les voies conventionnelles, ou encore situations personnelles complexes. Cependant, certaines absences ne peuvent être qualifiées d’abandon de poste :

Situation Considérée comme abandon de poste ?
Absence pour maladie avec certificat médical Non
Exercice légitime du droit de retrait Non
Absence prolongée sans justification Oui
Non-respect du préavis de démission Cas particulier

Les spécificités du CDI par rapport aux autres contrats

Dans un CDI, l’abandon de poste entraîne des conséquences particulières qui diffèrent des autres types de contrats. Contrairement à un CDD où les possibilités de rupture sont limitées, le CDI offre plus de flexibilité aux deux parties, mais avec des risques accrus pour le salarié.

La présomption de démission : une révolution juridique

La loi du 21 décembre 2022 a introduit un changement majeur dans la qualification des abandons de poste en instaurant une présomption de démission. Cette disposition, précisée par le décret du 17 avril 2023, modifie profondément les rapports entre employeurs et salariés.

Le mécanisme de la présomption de démission fonctionne selon un processus bien défini :

  1. L’employeur constate l’absence injustifiée du salarié
  2. Il envoie une mise en demeure par lettre recommandée
  3. Un délai de 15 jours minimum est accordé pour justifier ou reprendre le travail
  4. À défaut de réponse, la présomption de démission s’applique automatiquement

Cette procédure présente plusieurs avantages pour les entreprises :

Les recours possibles contre la présomption de démission

Le salarié dispose cependant de moyens pour contester cette qualification. Il peut saisir le conseil de prud’hommes dans un délai d’un mois suivant la rupture. Les juges examineront alors :

Élément examiné Conséquence possible
Validité de la procédure Annulation de la présomption si irrégularité
Motifs légitimes d’absence Requalification en licenciement ou prise d’acte
Comportement de l’employeur Possibilité de dommages et intérêts

Les conséquences financières immédiates

L’abandon de poste entraîne des pertes financières importantes pour le salarié. Dès le premier jour d’absence non justifiée, l’employeur peut suspendre le versement du salaire. Cette suspension peut durer jusqu’à la régularisation de la situation.

Les impacts concrets sur la situation financière incluent :

Le cas particulier des indemnités et primes

Certaines composantes de la rémunération sont affectées différemment par un abandon de poste :

Élément de rémunération Statut en cas d’abandon
Salaire de base Suspendu
Prime d’ancienneté Suspendue
Indemnités de CP acquis Maintenues
Participation/intéressement Variable selon accord

L’impact sur les droits au chômage

L’une des conséquences les plus graves de l’abandon de poste concerne l’accès aux allocations chômage. La qualification en démission présumée entraîne généralement une perte des droits à l’ARE (Aide au Retour à l’Emploi).

Les règles applicables en 2025 prévoient que :

  1. La démission « classique » ouvre rarement droit au chômage
  2. La présomption de démission est assimilée à une démission sans cause légitime
  3. Le délai de carence peut atteindre 6 mois
  4. Les droits antérieurement acquis sont gelés

Les exceptions possibles

Dans certains cas particuliers, le salarié peut malgré tout conserver ses droits :

Situation Effet sur les droits
Reconnaissance de harcèlement Maintien possible des droits
Problème de santé non déclaré Régularisation a posteriori
Erreur procédurale de l’employeur Annulation de la présomption

Les risques pour la carrière professionnelle

Au-delà des conséquences immédiates, l’abandon de poste peut avoir un impact durable sur la trajectoire professionnelle. La stigmatisation dans le secteur d’activité et la difficulté à obtenir des références solides constituent des obstacles majeurs.

Les principaux risques pour l’évolution professionnelle incluent :

La gestion des références professionnelles

Un abandon de poste complique considérablement l’obtention de certificats de travail positifs :

Document Contenu possible après abandon
Certificat de travail Neutre (mention obligatoire)
Attestation employeur Précision de la nature de la rupture
Recommandation Très rarement délivrée

Les alternatives à l’abandon de poste

Face aux conséquences sévères de l’abandon de poste, il existe plusieurs solutions alternatives moins dommageables pour le salarié. Ces options permettent souvent d’aboutir à une rupture plus constructive.

Les principales voies à privilégier incluent :

  1. La démission conventionnelle avec accord de l’employeur
  2. La rupture conventionnelle homologuée
  3. La prise d’acte de la rupture (avec risque contentieux)
  4. La médiation pour résoudre les conflits

Comparatif des solutions de rupture

Le tableau suivant présente les avantages et inconvénients des principales alternatives :

Solution Avantages Inconvénients
Rupture conventionnelle Droit au chômage, indemnité Nécessite accord employeur
Démission Contrôle de la date de départ Pas de droit au chômage
Prise d’acte Possible sans accord Risque contentieux

La procédure disciplinaire et ses conséquences

Lorsqu’un employeur choisit de ne pas appliquer la présomption de démission, il peut engager une procédure disciplinaire. Cette voie expose le salarié à des sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement pour faute grave.

Les étapes classiques d’une procédure disciplinaire pour abandon de poste :

Les différents types de sanctions possibles

La gravité de la sanction dépend de plusieurs facteurs : ancienneté, circonstances, antécédents…

Sanction Conséquences Fréquence
Avertissement Impact limité Peu fréquent
Mise à pied Perte de salaire temporaire Occasionnelle
Licenciement Rupture du contrat Très fréquent

Les recours juridiques et contentieux

En cas de désaccord sur la qualification de la rupture, le salarié dispose de recours juridiques pour défendre ses droits. Ces procédures peuvent aboutir à une requalification de la rupture avec des conséquences financières importantes.

Les principaux motifs de contestation devant les prud’hommes :

  1. Irrégularité dans la procédure de présomption de démission
  2. Existence de motifs légitimes à l’absence
  3. Comportement fautif de l’employeur
  4. Absence de mise en demeure régulière

Les délais et chances de succès

Les statistiques montrent que :

Type de recours Délai Taux de succès
Contestation présomption 1 mois 35%
Licenciement abusif 12 mois 25%
Prise d’acte 12 mois 40%
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Camille Durand

Bonjour, je suis Camille Durand, consultante RH et coach en management. Depuis plus de 10 ans, j’accompagne les entreprises et les managers dans leurs enjeux humains : recrutement, développement des compétences, gestion des talents, cohésion d’équipe et conduite du changement. Passionnée par l’humain et la performance collective, je crois fermement que le bien-être au travail et l’efficacité managériale vont de pair. Mon approche est à la fois pragmatique et bienveillante : j’écoute, j’analyse, je conseille et j’agis à vos côtés. Que ce soit pour structurer vos process RH, former vos équipes ou faire grandir vos managers, je mets mon expérience au service de vos ambitions. Envie d’en discuter autour d’un café (virtuel ou réel) ? Parlons-en ! ☕

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