Comment établir un plan de prévention des risques efficace en entreprise ?

Publié le 15 avril 2025 par Camille Durand

Les fondamentaux d’un plan de prévention des risques en entreprise

Dans un contexte où les accidents du travail coûtent en moyenne 3,6 milliards d’euros par an aux entreprises françaises selon les dernières statistiques 2025, la mise en place d’un plan de prévention efficace n’est plus une option mais une nécessité stratégique. Ce document formalisé permet d’anticiper et de gérer les risques liés à la coactivité entre une entreprise utilisatrice (EU) et des entreprises extérieures (EE).

Le cadre légal français, notamment les articles R.4511-1 et suivants du Code du travail, impose cette démarche lorsque deux conditions cumulatives sont réunies :

La circulaire DRT 93-14 précise que l’EE désigne toute entreprise juridiquement indépendante amenée à faire travailler son personnel dans les locaux d’une autre entreprise, qu’il y ait ou non relation contractuelle. L’EU quant à elle correspond à l’entreprise d’accueil où s’effectuent les opérations.

Entreprise Utilisatrice (EU) Entreprise Extérieure (EE)
Propriétaire ou locataire des locaux Intervient ponctuellement ou régulièrement
Responsable de la sécurité générale Responsable de la sécurité de ses opérations

Les risques d’interférence : cœur du dispositif

Les risques d’interférence représentent la principale justification d’un plan de prévention. Ils naissent de la coexistence dans un même espace de travail :

Une étude récente de l’INRS montre que 42% des accidents graves en coactivité résultent précisément de ces interférences mal anticipées. L’inspection commune préalable des lieux par les responsables EU et EE (article R. 4512-6) permet d’identifier ces risques spécifiques.

Les cas où le plan de prévention écrit est obligatoire

Le législateur a défini deux situations où la formalisation écrite du plan de prévention devient incontournable, avec des conséquences juridiques en cas de non-respect.

Le premier cas concerne la durée des interventions. Un plan écrit s’impose lorsque :

Critère Exigence
Durée cumulée ≥ 400 heures sur 12 mois
Type d’intervention Travaux continus ou discontinus

Le second cas repose sur la nature des travaux, indépendamment de leur durée. L’arrêté du 19 mars 1993 liste précisément les activités considérées comme dangereuses, notamment :

Les exceptions légales à connaître

Certaines situations échappent à l’obligation de plan de prévention, car régies par des textes spécifiques :

Pour ces cas particuliers, des dispositifs alternatifs comme le Plan Général de Coordination (PGC) dans le BTP prennent le relais.

La délégation de pouvoir dans le plan de prévention

La signature du plan de prévention engage la responsabilité des dirigeants, mais ces derniers peuvent déléguer cette attribution sous certaines conditions strictes.

L’article R.4511-9 du Code du travail encadre rigoureusement cette possibilité en exigeant que le délégataire dispose :

Critère Explication
Autorité Pouvoir de faire appliquer les décisions
Compétence Savoir technique et expérience avérée
Moyens Ressources humaines, financières et matérielles

La circulaire DRT 93-14 insiste sur la nécessité d’une délégation formelle et connue de tous les acteurs concernés. En pratique, cela se traduit souvent par :

Les pièges à éviter dans la délégation

Plusieurs erreurs fréquentes peuvent invalider une délégation de pouvoir :

Un récent arrêt de la Cour de cassation (2024) a rappelé que la responsabilité pénale du chef d’entreprise reste engagée en cas de délégation mal conçue.

La démarche projet en prévention des risques

L’approche projet constitue le cadre idéal pour structurer une politique de prévention efficace, notamment grâce à sa méthodologie rigoureuse.

Cette démarche implique plusieurs phases clés :

Phase Actions
Instruction Analyse des risques, diagnostic partagé
Décision Choix des mesures, plan d’action
Mise en œuvre Application concrète des solutions
Évaluation Mesure des résultats, ajustements

Pour les TPE/PME, cette approche peut être adaptée avec des modalités plus légères mais tout aussi efficaces :

Les outils d’évaluation incontournables

Plusieurs instruments permettent de mesurer l’efficacité des actions de prévention :

L’INRS estime que l’utilisation systématique de ces outils réduit de 35% les accidents du travail dans les entreprises qui les adoptent.

La mobilisation des acteurs internes et externes

La réussite d’un plan de prévention repose sur l’implication concertée de tous les acteurs concernés, chacun selon son rôle et ses compétences.

La direction joue un rôle pivot en assurant :

Rôle Action concrète
Portage politique Allocation des ressources nécessaires
Exemplarité Respect visible des consignes
Pilotage Suivi régulier des indicateurs

Les autres acteurs internes contribuent également :

Le recours à des experts externes

Plusieurs organismes peuvent apporter un appui précieux :

Les réseaux professionnels (CCI, branches métiers) offrent également des opportunités de mutualisation des bonnes pratiques, particulièrement utiles pour les petites structures.

La formation et la communication : clés de l’appropriation

Un plan de prévention ne produit ses effets que s’il est compris et appliqué par l’ensemble des personnels concernés, ce qui nécessite un effort particulier de pédagogie.

Les actions de formation doivent cibler :

Public Contenu adapté
Nouveaux embauchés Fondamentaux de la prévention
Personnels temporaires Risques spécifiques du site
Encadrement Rôle dans le dispositif

La communication régulière doit porter sur :

Les supports de communication efficaces

Plusieurs outils ont fait leurs preuves pour maintenir l’attention sur les enjeux de prévention :

Une étude récente de l’ANACT montre que les entreprises qui communiquent régulièrement sur leur politique de prévention enregistrent 28% moins d’accidents que les autres.

L’évaluation et l’amélioration continue

Un plan de prévention efficace n’est pas un document figé mais évolue en fonction des retours d’expérience et des changements organisationnels.

Plusieurs indicateurs permettent de mesurer l’efficacité des actions :

Type d’indicateur Exemple
Risques Nombre de postes à risque identifiés
Moyens Heures de formation dispensées
Résultats Taux de fréquence des accidents

La périodicité idéale pour ces évaluations varie selon :

Les méthodes d’amélioration

Plusieurs approches complémentaires favorisent l’évolution positive du plan :

Les entreprises certifiées ISO 45001 (management de la SST) montrent que cette démarche d’amélioration continue réduit de 40% les arrêts maladie sur 3 ans.

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Camille Durand

Bonjour, je suis Camille Durand, consultante RH et coach en management. Depuis plus de 10 ans, j’accompagne les entreprises et les managers dans leurs enjeux humains : recrutement, développement des compétences, gestion des talents, cohésion d’équipe et conduite du changement. Passionnée par l’humain et la performance collective, je crois fermement que le bien-être au travail et l’efficacité managériale vont de pair. Mon approche est à la fois pragmatique et bienveillante : j’écoute, j’analyse, je conseille et j’agis à vos côtés. Que ce soit pour structurer vos process RH, former vos équipes ou faire grandir vos managers, je mets mon expérience au service de vos ambitions. Envie d’en discuter autour d’un café (virtuel ou réel) ? Parlons-en ! ☕

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