Que faire en cas de licenciement pour abandon de poste en 2025 ?

Publié le 16 avril 2025 par Camille Durand

Abandon de poste en 2025 : comprendre les nouvelles règles et procédures

La législation française a profondément évolué ces dernières années concernant l’abandon de poste. Depuis la loi du 21 décembre 2022, les employeurs disposent désormais d’un nouvel outil juridique : la présomption de démission. Cette procédure, entrée en vigueur le 17 avril 2023, change radicalement la donne pour les salariés qui envisageraient de quitter volontairement leur poste sans justification.

Le dispositif vise notamment à limiter les abus de certains salariés qui utilisaient cette méthode pour forcer un licenciement et bénéficier des allocations chômage. En 2025, les conséquences d’un abandon de poste peuvent être particulièrement lourdes :

Les deux options légales pour l’employeur

Face à un abandon de poste, l’employeur dispose désormais de deux possibilités :

Option Avantages Inconvénients
Licenciement pour faute grave Procédure classique bien maîtrisée Le salarié peut bénéficier du chômage
Présomption de démission Pas d’indemnité chômage pour le salarié Nouvelle procédure avec risques contentieux

La procédure de présomption de démission étape par étape

Pour que la présomption de démission soit valable, l’employeur doit respecter une procédure stricte définie par l’article R.1237-13 du Code du travail. Tout manquement expose l’entreprise à un risque de requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse.

1. La mise en demeure obligatoire

L’employeur doit adresser au salarié absent une mise en demeure par lettre recommandée avec AR ou remise en main propre contre décharge. Ce courrier doit impérativement contenir :

Selon une décision clé du Conseil d’Etat du 18 décembre 2024 (n°473640), l’absence de cette dernière mention invaliderait la procédure. Le délai de 15 jours commence à courir dès la présentation de la lettre, pas nécessairement sa réception effective par le salarié.

2. L’attente de la réponse du salarié

Pendant cette période, le contrat de travail est suspendu : le salarié ne perçoit plus de salaire. Il peut néanmoins invoquer un motif légitime pour justifier son absence :

Motif légitime Exemple
Raison médicale Arrêt maladie prescrit le jour même
Droit de retrait Danger grave et imminent
Modification du contrat Changement unilatéral des conditions de travail

Une récente décision du CPH de Lyon (21 février 2025) a ajouté à cette liste le refus d’un transfert de contrat dans le cadre de la perte d’un marché.

Conséquences pour le salarié après un abandon de poste

Les effets d’un abandon de poste varient selon la procédure retenue par l’employeur, mais dans tous les cas, les conséquences sont significatives en 2025.

En cas de présomption de démission

Si la procédure est correctement appliquée, le salarié se retrouve dans la même situation qu’un démissionnaire classique :

Marie-Laure Tarragano, avocate spécialiste en droit du travail, souligne : « La présomption de démission a un réel impact financier pour le salarié. Certains employeurs pourraient être tentés de maintenir la procédure de licenciement par solidarité, mais France Travail pourrait les sanctionner en exigeant le remboursement des allocations versées. »

En cas de licenciement pour faute grave

Si l’employeur opte pour la voie disciplinaire traditionnelle, le salarié peut :

Avantage Inconvénient
Bénéficier des allocations chômage Mention de licenciement dans le certificat de travail
Contester devant les prud’hommes Difficulté à trouver un nouvel emploi

La Cour d’appel de Paris a précisé en mars 2025 que pour les salariés protégés, l’employeur doit obtenir l’autorisation de l’inspection du travail même pour une présomption de démission (CA Paris, 6 mars 2025, n°24/02319).

Les recours possibles pour le salarié

Un salarié qui conteste la qualification d’abandon de poste dispose de plusieurs moyens d’action, avec des délais stricts à respecter.

1. La réponse à la mise en demeure

Dans les 15 jours suivant la réception de la mise en demeure, le salarié peut :

La réponse doit être écrite et envoyée par lettre recommandée pour preuve. Un simple mail ne suffit généralement pas.

2. La saisine des prud’hommes

En cas de rupture, le salarié a 12 mois pour saisir le conseil de prud’hommes et contester :

Recours possible Délai
Requalification en licenciement sans cause 12 mois
Demande de dommages-intérêts 12 mois

Les syndicats peuvent accompagner le salarié dans cette démarche. Une médiation du travail peut également être tentée avant le contentieux.

Cas particuliers et jurisprudence récente

Plusieurs décisions récentes ont précisé l’application de la présomption de démission dans des situations particulières.

Le cas des salariés protégés

Pour les représentants du personnel et autres salariés protégés, la procédure est plus complexe :

La Cour d’appel de Paris a jugé en 2025 que le statut protecteur s’applique même en cas de présomption de démission, contrairement à une démission volontaire classique.

Les arrêts maladie controversés

Plusieurs conflits ont émergé concernant les arrêts maladie présentés a posteriori. Les juges exigent désormais :

Exigence Conséquence
Date cohérente avec l’absence Pas d’antidatage possible
Motif médical précis Pas de certificat vague

L’URSSAF et la caisse d’allocations familiales peuvent être sollicitées pour vérifier la validité des justificatifs.

Alternatives à l’abandon de poste

Plutôt que de risquer une procédure de présomption de démission, plusieurs solutions existent pour les salariés en difficulté.

1. La rupture conventionnelle

Cette voie négociée permet de :

Des dispositifs comme Transition Pro peuvent accompagner ce processus.

2. La prise d’acte

En cas de manquement grave de l’employeur, le salarié peut :

Avantage Risque
Rupture à l’initiative du salarié Charge de la preuve
Possibilité d’obtenir des dommages Procédure contentieuse

Un avocat spécialisé en droit du travail peut évaluer les chances de succès.

Préparer son avenir professionnel après un abandon de poste

Que la rupture soit qualifiée de démission ou de licenciement, il est crucial de rebondir rapidement.

1. Les démarches administratives

Selon la situation, il faut :

2. La recherche d’emploi

Pour expliquer la rupture à un futur employeur :

Situation Stratégie
Présomption de démission Mettre en avant d’autres expériences
Licenciement pour abandon Expliquer les circonstances atténuantes

Des organismes comme BPI France proposent des aides aux créateurs d’entreprise qui souhaiteraient se lancer à leur compte.

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Camille Durand

Bonjour, je suis Camille Durand, consultante RH et coach en management. Depuis plus de 10 ans, j’accompagne les entreprises et les managers dans leurs enjeux humains : recrutement, développement des compétences, gestion des talents, cohésion d’équipe et conduite du changement. Passionnée par l’humain et la performance collective, je crois fermement que le bien-être au travail et l’efficacité managériale vont de pair. Mon approche est à la fois pragmatique et bienveillante : j’écoute, j’analyse, je conseille et j’agis à vos côtés. Que ce soit pour structurer vos process RH, former vos équipes ou faire grandir vos managers, je mets mon expérience au service de vos ambitions. Envie d’en discuter autour d’un café (virtuel ou réel) ? Parlons-en ! ☕

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